S’il est délicat de dater précisément les débuts du mouvement, l’histoire connue des chorales LGBT+ débute aux États-Unis au milieu des années 1970 — et trouve rapidement écho en Europe.
En 1969, lors des émeutes de Stonewall, les personnes LGBTQIA+ marginalisées se soulevèrent contre la police. Cet événement symbolise le ras-le-bol des minorités sexuelles et participe à l’organisation des luttes d’émancipation LGBTQIA+. Les commémorations annuelles qui s’en suivirent furent l’occasion pour plusieurs chorales et fanfares de se monter afin d’accompagner musicalement et gaiement ces événements dorénavant annuels : les Prides (marches des fiertés).
Les pionnier•e•s d'Amérique
1975 - Anna Crusis Women's Choir est formée à Philadelphie, accueillant des femmes lesbiennes et hétérosexuelles.
1977 - The Gotham Male Chorus est formé à New-York. Rebaptisé the Stonewall Chorale, il devient en 1979 le premier chœur ouvertement gay et lesbien.
1978 - Création du San Francisco Gay Men's Chorus — première chorale à comporter le mot "Gay" dans son nom.
1982 - Création de Gala Choruses, association internationale des chœurs gays et lesbiens
Le rôle particulier du San Francisco Gay Men's Chorus
Un mois seulement après sa création, le San Francisco Gay Men’s Chorus fit sa première représentation lors d’un rassemblement spontané en réaction à l’assassinat d’Harvey Milk, homme politique en vue et conseiller municipal ouvertement homosexuel.
Entre 1979 et 1981, plusieurs chorales similaires virent le jour aux États-Unis, notamment à New York City, Dallas, Los Angeles, Seattle et Chicago.
En 1981, le San Francisco Gay Men’s Chorus effectua une tournée dans 12 grandes villes américaines, inspirant sur leur passage la création de plusieurs chorales gaies et lesbiennes.
Durant les années 1980/90, le San Francisco Gay Men’s Chorus fut très durement frappé par l’épidémie du sida qui décimait la communauté gay. De très nombreux choristes furent emportés, bouleversant le quotidien du groupe.
Dans la photo ci-dessous le San Francisco Gay Men’s Chorus met en scène les ravages de l’épidémie sur ses choristes.
L'écho européen et français
Forte d’une robuste tradition chorale, l’Europe voit apparaître ses propres chœurs LGBT+ dès 1980. L’Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l’Italie sont particulièrement bien représentés.
Voici quelques dates :
1980 - Création de Hamburg Tuntenchor (Hambourg, Allemagne).
1981 - Création de Chœur Accord à Paris. Le groupe a depuis été rebaptisé "les Caramels Fous" et se définit comme une troupe de comédies musicales.
1982 - Création de Noot aan de Man (Pays-Bas) et Die Triviatas (Cologne, Allemagne).
1983 - Création des Pink Singers (Londres, Royaume-Uni), peut-être la plus ancienne chorale LGBT+ européenne toujours active aujourd'hui.
1985 - Le premier festival de chant choral LGBT, "Homo Cantat" est organisé à Cologne, avec la participation de Chœur Accord (France), Gay Kör Stockholm (Suède), Noot aan de Man (Pays-Bas), et Die Triviatas (Allemagne).
1989 - Création d'Equivox, Chœur LGBT+, par une dizaine d’amis dans le but de participer aux « Gay Games » de Vancouver (1990).
1994 - Création du Chœur International Gai de Paris (CIGAP), connu aujourd'hui sous le nom de Mélo'Men.
1997 - Création du réseau LEGATO pour représenter et fédérer les Chorales LGBT+ européennes. L'organisation compte aujourd'hui 128 chorales membres (approximativement 4120 choristes) dans une vingtaine de pays.
LEGATO coordonne l'organisation du festival de chorales LGBTQIA+ "Various Voices" tous les quatre ans. La dernière édition de Various Voices a permis à 2700 choristes de se réunir à Munich : 19 pays étaient représentés pour un total de 100 chorales !